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« Je » est un autre

End of discussion

Avez-vous remarqué comme certaines discussions ou situations peuvent s’enkyster au point de ne plus sembler pouvoir déboucher sur quelque chose de constructif ? Ce sera au bureau avec tel collègue qui décidément ne comprend rien à rien, ou avec votre boss qui prend systématiquement le contre-pied de ce que vous proposez ; cela se vérifie aussi à la maison avec votre moitié qui s’obstine à faire semblant de ne rien comprendre à ce que vous attendez d’elle. Dans le meilleur des cas, ça débouche sur une incompréhension passagère ; avec le temps, ça peut donner lieu à des situations de conflit plus ou moins larvé, chacun campant sur ses positions.

Comment sortir du face à face ?

Sortir du face-à-face consiste parfois à faire entrer un tiers dans l’histoire, une sorte d’arbitre, ou de médiateur. Oui, mais voilà : d’une part, il n’est pas toujours évident de trouver LA personne impartiale qui saura départager les avis divergents ; d’autre part, pour les petits affrontements ou frictions du quotidien, on se voit mal solliciter à tous les coups son joker. La PNL, approche de la communication et du changement, propose plusieurs outils pour communiquer plus efficacement. Parmi ceux-ci, les « positions de perception » constituent un exercice qui vous permettra d’y voir plus clair dans ce qui se joue dans la relation, et finira même au fil du temps par s’immiscer dans votre façon de concevoir votre rapport à l’autre. Voici en deux mots de quoi il s’agit.

Les positions de perception

Les positions de perception permettent d’épouser successivement différentes « positions » pour avoir une perception la plus globale possible de la situation. Cette technique peut être utilisée aussi bien pour préparer ce que l’on veut dire ou demander à quelqu’un en tenant compte de son point de vue, que pour désamorcer une tension dans une relation avec une personne. Les positions à explorer sont au nombre de trois. La première position est la plus aisée à épouser : c’est la vôtre ! Il vous faut alors vous réassocier à la situation, la revivre à travers vos propres yeux, votre propre point de vue. Le « je » est central : je vois ce que je vois, je sens ce que je sens, je pense ce que je pense. La deuxième position est celle de votre interlocuteur : il s’agit cette fois de vous mettre VRAIMENT à la place de l’autre, de voir la situation à travers ses yeux, en partant du principe qu’il a une bonne raison d’agir et de penser comme il le fait. Bien évidemment, on ne peut pas réellement devenir l’autre, cette exploration se fait en imagination. Mais en imagination justement, vous devenez pour un instant votre interlocuteur. La dernière position est dite « méta » : elle permet d’observer « de loin » la situation. Vous n’êtes alors ni vous-même, ni l’autre, mais un observateur neutre, comme si vous pouviez regarder les échanges de l’extérieur, comme sur un écran.

 Comment procéder ?

Le mieux est de faire cet exercice debout et de placer trois repères (ça marche aussi avec des post-its) au sol : un pour chaque position. De cette façon, on « ancre » vraiment chaque position, c’est à dire qu’on sait (sent) précisément quel rôle jouer en fonction de là où on se place. Reste ensuite à venir se placer sur la première position et à prendre le temps d’énoncer ce qu’on veut dire ou ce qui coince exactement comme si la personne était en face de vous. Passage par la position « méta » juste pour « change one’s mind » et direction la deuxième position. Souvenez-vous, cette fois vous êtes votre interlocuteur. Prenez le temps d’intégrer ce que la position 1 essaie de vous dire et réagissez en tant que « l’autre ». Il est important ici de ne pas mettre de vous dans cet autre : laissez de côté vos ressentiments, allez chercher le plus objectivement possible quelle est sa position car il a de son point de vue une bonne raison de se comporter comme il le fait. Une fois que la position 2 a répondu, placez-vous sur la position « méta » et observez de l’extérieur ce que donne cet échange, ce que cela vous inspire, ce que vous pourriez modifier/adapter dans votre propre discours (position 1). Vous pouvez alors retourner en position 1 et recommencer votre tour de positions jusqu’à ce que vous ayez une perception claire de ce qui se joue dans cette interaction.

La preuve par l’art

L’art est un merveilleux moyen de se rendre compte à quel point notre position a une incidence sur notre perception.  Prenons le Lamassu, par exemple : sculpture monumentale (4 mètres de haut) de l’art mésopotamien dont on peut admirer deux exemplaires au Louvre. Le Lamassu se compose d’un corps de taureau, d’une tête d’humain et d’ailes d’aigle. Deux statues semblables trônaient à l’entrée du palais de Khorsabad (on se situe vers –700 av JC). En arrivant, les visiteurs faisaient face à une créature imposante avec les deux pattes de devant jointes, comme ordonnant au visiteur de stopper son avancée. Les plus audacieux qui osaient s’aventurer dans le temple voyaient alors se déployer les quatre pattes du Lamassu vu de profil. Pour arriver à présenter la statue aussi bien de face que de profil, les artisans ont dû lui faire au total cinq pattes !  La position de face qui compte deux pattes n’est pas plus vraie que la position de profil qui en compte quatre. Ce n’est qu’en se plaçant en observateur qu’on réalise que la statue a en vérité cinq pattes. La position méta nous permet de comprendre des choses qu’on ne percevait pas avant dans chacune des positions.

Lamassu

Question d’entrainement

Parvenir à adopter le réflexe « positions de perception » est une question d’entrainement : les premières fois, l’exercice peut sembler artificiel et beaucoup éprouve des difficultés à ne pas plaquer d’eux-mêmes sur la position 2. Au fil du temps, la technique devient plus fluide, jusqu’à finalement être complètement intégrée. Sans avoir à jouer la scène, vous prendrez alors le temps directement « en situation » de visiter le point de vue de l’autre et de prendre un peu de recul pour aboutir à une communication plus efficace qui prend en compte la position de l’autre.

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